A SUD CT 49 cela nous semble important de résumer cette dernière année si particulière. Dans ce tract, on vous propose une histoire condensée de nos et vos parcours pro à la ville d’Angers, Angers Loire Métropole et CCAS d’Angers ces douze derniers mois. Bonne lecture et évidemment SUD CT 49 reste à votre écoute si vous trouvez cette histoire incomplète et souhaitez apporter votre témoignage.
Samedi 29 février 2020, le Covid-19 est dans toutes les bouches. La crise pointe. Le gouvernement organise un conseil de défense à ce propos et une seule décision en ressort : passer en force pour faire adopter la réforme des retraites. Mais ça c’était le monde d’avant
Quinze jours plus tard, branle-bas de combat. Les hôpitaux sont saturés. La vague pandémique nous submerge. Le jeudi, on annonce la fermeture des établissements scolaires. Le vendredi, réunion générale à la bibliothèque Toussaint à Angers, dehors dans le jardin des Beaux-Arts, situation sanitaire oblige. Alors que les bibliothèques universitaires et municipales annoncent un peu partout leur fermeture, les agent·es apprennent que l’administration compte laisser ouvertes les bibliothèques municipales la semaine suivante. Cela est reçu froidement, on évoque alors l’exercice du droit de retrait devant une décision qui semble ne pas tenir compte de la circulation du virus. Samedi 14 mars, les angevin·es prennent d’assaut les bibliothèques et leurs collections. Autant vous dire qu’on ne parle pas ce jour-là de masques, distanciation sociale, gel hydroalcoolique, etc. Le soir même, le Premier ministre baisse le rideau sur les bars et restaurants. Le lundi, c’est l’Président qui part en guerre (sic), nous parle du monde d’avant, du monde d’après et renvoie tout le monde à la maison dès le lendemain midi. Nous sommes le mardi 17 mars et s’ouvre une période inédite dans notre histoire récente : le confinement.
Confinement : Jusqu’ici tout va bien, jusqu’ici tout va bien
Au début tout allait bien, on nous annonçait que personne ne perdrait de RTT, les vacataires, habituellement les premiers sacrifiés en temps de crise, seront payés sur la base de leur temps de travail prévisionnel. Bref, l’heure est à la solidarité. Enfin pour le moment !
Le temps passe, les plans de continuité d’activité fleurissent, les réunions sont délocalisées sur Teams. Les cadres télétravaillent, les agents de base sont en autorisation spéciale d’absence (ASA), sur le terrain ou bien les deux. Comme au CCAS par exemple, les agent·es tournent en présentiel selon un planning établi par leur responsable pour assurer par téléphone l’accueil et le traitement des demandes d’aide alimentaire des usagers. Malheureusement le manque de transparence sur les critères a pu laisser un sentiment d’injustice, surtout au moment des comptes pour la prime Covid.
A ce moment-là, on ne sait rien de ce virus qui effraie tant les agent·es. Pourtant, sur le terrain, tous les jours, les Brigades-propreté de la Ville sillonnent les rues. Dans les Ehpad, il faut continuer à s’occuper d’un public, qu’on découvre en quelques jours être des plus fragiles, et sans toujours bénéficier des protections nécessaires.
Le service public est alors au cœur de toutes les attentions. On se met au balcon pour applaudir les soignant·es. Le service des déchets d’Angers Loire Métropole reçoit par paquet des dessins en soutien aux éboueurs.
Quelques jours suffiront cependant pour revenir au monde d’avant. Le directeur général des services appelle à faire-comme-d’habitude : prendre cinq jours de congés en avril. Le propos ne nous oblige à rien, la loi l’interdit, mais le ton est à la culpabilisation. Les consignes transmises par certains responsables de services dépassent l’entendement. En résumé, il est attendu que les agents précisent les cinq jours qu’ils souhaitent prendre pour ce vendredi 10 avril. L’obligation n’est même plus déguisée. L’obligation est là !
La confusion règne, le doute s’installe. Quelles sont les conséquences de l’ASA par exemple ? Bah on ne cumule pas de RTT entre autres. Hélas, cette information-là n’est pas clairement communiquée. Pire, certaines notes de service affirment même le contraire. Conséquence certain·es agent·es le découvriront que bien trop tard en novembre à leur dépend. La pilule est dure à avaler, surtout quand on a été placé·e dans cette situation administrative, quand bien même les chef·fes enjoignent à consulter ses mails et à dépanner une heure par-ci, une heure par-là. A travailler ni plus, ni moins. En effet, certains chef·fes de service, contre les décisions de la DG, ont choisi de déclarer en ASA des agents qui ont pourtant télétravaillé, car ils estimaient qu’ils n’en faisaient pas assez ! Nous avons pu faire régulariser quelques situations.
Les volontés ne manquent pas pourtant. Certain·es agent·es, contrairement à une image éculée, ne s’accommodent pas de cette situation. On demande à retourner travailler, on s’organise entre collègues pour les plannings, on se tient à disposition de l’administration. Parallèlement, de l’autre côté, on appelle les agent·es pour les redéployer dans les services en contact avec la population. Pour rappel, en avril, le monde est confiné, la crainte du virus est bien plus forte qu’aujourd’hui, on vient de passer plusieurs semaines sans voir personne, sans sortir de chez soi. Autant dire que le redéploiement de certain·es agent·es ne s’est pas particulièrement déroulé de manière apaisée. Une écoute plus attentive des collègues avant de les renvoyer en première-ligne aurait clairement été la bienvenue.
Déconfinement : bosse et tais-toi
Puis arrive le déconfinement, le 11 mai. Dans certains services, il est demandé de ne pas prendre de journées (de congés ou RTT). Oui, oui, la récré est finie, maintenant c’est au taf et on ne moufte surtout pas. On va le répéter, mais le confinement, ça n’a pas été des vacances. Certains, certaines en ressortent lessivé·es moralement. Et ce moral est particulièrement mis à rude épreuve quand des usager·ères vous invectivent à qui mieux mieux pour se plaindre que leur poubelle n’a pas été ramassée, que l’administration met un temps de dingue à traiter sa demande, etc. Les jours heureux ont le sale goût du monde d’avant.
L’été passe, l’automne arrive et la situation hospitalière redevient critique. On parle alors de reconfinement. C’est un peu comme le confinement du printemps pour les cadres : on bosse (de chez soi) en télétravail. Pour les autres, ce reconfinement est bien différent car ce coup-ci il est vécu au turbin. La journée dans le stress permanent de ne pas être cas contact le lendemain, le masque sur la tronche alors qu’on taille un massif de fleurs ou qu’on creuse un trou dans le bitume.
La DRH en cette fin d’année coupe et coupe. Ça coupe dans la gestion-des-temps (aka la GTA), les RTT des agent·es en ASA d’avril dernier disparaissent sans coup férir. D’un point de vue réglementaire, la chose est claire. Concernant l’information à l’agent·e, c’est plutôt flou. Comme nous l’écrivons quelques lignes plus haut, la communication n’a pas été faite en amont, alors que c’était connu dès avril, et nous aurions espéré de ne pas attendre d’être en fin d’année pour régulariser cette situation. Cela notamment aurait permis dès l’été, et qui plus est à l’annonce des Fêtes, de pouvoir faire des choix de congés éclairés.
Confinement saison 2 : L’amer Noël
Puis arrive la mi-décembre, là on est clairement à la veille des Fêtes, dans un fabuleux brouhaha, on annonce (ou pas explicitement) que le report des congés annuels après ce 31 décembre n’est plus possible pour les agents ayant été placé·es en ASA. Deuxième douche froide.
A ce jeu du qui perd-gagne, celles et ceux qui sont généralement victimes de la perte de RTT, ce sont les agents des catégories C et B. Parce que la collectivité n’a pas fourni le matériel ou la connexion Internet pour télétravailler : en sont-ils responsables ? Non ! Parce que leurs missions ne sont pas télétravaillables : en sont-ils responsables ? Non ! Parce qu’on a préféré untel plus que moi pour le télétravail : en suis-je responsable ? Non !
Rappelez-vous en avril de la mansuétude accordée aux vacataires. Pour ce deuxième confinement, l’administration générale l’est beaucoup moins. Désormais, cette dernière se retranche derrière la voie légale : pas de vacation = pas de rémunération. La double peine pour la cohorte de vacataires également étudiant·es contraint de devoir affronter une vie cloîtrée pour suivre un enseignement strictement dispensé derrière des écrans. La fermeture des établissements d’enseignement supérieur participe sans aucune mesure à cette précarité accrue. Alors les arguments réglementaires sont difficilement entendables. On ose cette assertion quand on constate que les différents responsables demandent constamment aux vacataires de les informer de leurs disponibilités. En plus des faux espoirs d’un hypothétique retour à la normale, il leur faut être continuellement disponible, pour ne pas dire au garde-à-vous. Cette injonction interroge vivement le lien de subordination ainsi entretenue entre les vacataires et leur employeur.
Nous avons aujourd’hui bien entamé 2021. On a toutes et tous l’espoir que cette nouvelle année sera enfin celle de jours plus favorables à la sociabilité. Nous continuons hélas à vivre cette crise sanitaire majeure. Les services hospitaliers sont toujours mis à rude épreuve et l’hôpital public continue à manquer des moyens nécessaires pour faire face.
La situation actuelle demande à que nous continuions à veiller aux un·es et aux autres. Ne vous mettez pas et ne mettez pas les autres, vos proches, etc. en danger. Restez sur vos gardes et soyez SOLIDAIRES ✊